Le contexte : une jeune démocratie

Le Niger n’avait que la démocratie à vendre. C’est le président Mamadou Tandja lui-même qui le disait, lorsqu’il y croyait encore, lui qui avait été élu en 1999 et réélu en 2004 pour diriger le pays le plus pauvre du monde (indicateur du développement humain, 2009). 

Ce pays dit fragile, dirigé d’une main de fer de 1974 à 1987 par le général Seyni Kountché, avait ensuite connu les turbulences démocratiques, de la « décrispation » conduite par le général Ali Saïbou à la Conférence Nationale (1991), puis à la première élection présidentielle (1993), préambule de deux coups d’Etat militaires successifs (1996, 1999), avant la dernière décennie de stabilité démocratique.

Ces quinze dernières années ont vu se développer les médias et la société civile tandis que le Niger continuait d’affronter des défis de développement majeurs : école, accès à l’eau, santé. Ceci, malgré des promesses de ressources financières liées à la hausse récente du cours de l’uranium, dont il sera bientôt le deuxième producteur mondial, et la prochaine exploitation du pétrole.
Le président Tandja aurait du rentrer chez lui en 2009, car la Constitution de la 5e République lui interdisait un troisième mandat. Mais il a refusé de jouer le jeu, en dissolvant l’Assemblée Nationale et la Cour Constitutionnelle qui lui résistaient, avant de faire voter en force une nouvelle Constitution.
Mais, malgré le tamtam de la propagande présidentielle, relayée par les médias publics, les chefs traditionnels et les cadres de commandement, les Nigériens ont boudé les élections de la fin de l’année 2009. La majorité présidentielle a éclaté. Un front d’opposition s’est constitué, réunissant plusieurs grandes forces politiques, les syndicats et une grande partie de la société civile. Le reste du monde a commencé à sanctionner le Niger. Les négociations engagées sous l’égide de la CEDEAO semblaient vouées à l’échec. Le Niger s’enfonçait dans une grave crise diplomatique, financière et bientôt sociale.

Finalement, la 6e république du président Tandja n’a duré que deux mois, avant que le chef d’escadron Salou Djibo, à la tête de la compagnie d’appui, ne décide de bousculer le cours de l’histoire, le 18 février dernier, en renversant en deux heures le régime essoufflé du président Mamadou Tandja.
Depuis lors, le régime de Transition s’est débattu, lui aussi, entre utopie et réalité, pour atteindre les objectifs promis le soir du coup d’Etat.
Une 7e République a été imaginée et adoptée par référendum, le 31 octobre dernier. Elle doit, en principe, corriger les insuffisances passées. D’autres textes ont été adoptés ou sont en cours d’adoption. Ils régissent le statut des partis politiques, de l’opposition, tentent d’imposer la dépolitisation de la fonction publique, d’améliorer le contrôle citoyen, d’empêcher la corruption. Un processus très médiatisé d’assainissement économique a été entrepris, à travers un triptyque répressif : la justice, l’inspection générale et une commission ad hoc. Des milliards de Francs CFA détournés par les précédents régimes ont été recouvrés ou sont en voie de recouvrement. Mais cette question est loin d’avoir été épuisée.
Et puis, les dieux n’ont pas été cléments – Dieu n’éprouve-t-il pas ceux qu’il aime? Les épreuves se sont accumulées : une crise alimentaire très grave, des inondations, le surgissement d’Al Qaida, un ou des complot(s) ourdis pour renverser le régime.
 

Comments or opinions expressed on this blog are those of the individual contributors only, and do not necessarily represent the views of FRANCE 24. The content on this blog is provided on an "as-is" basis. FRANCE 24 is not liable for any damages whatsoever arising out of the content or use of this blog.
2 Comments
Patriotes YAAKOOO OO!!! Que Dieu devoile ses gens qui nous ont tous tant trahi dans pays là. Ameen!!!! Très bien fait ce blog, Coup de chapeau aux initiateurs. Nul ne peut construire cette Afrique à notre place! Jeunesse levons nous!!
vous résumez bien notre pays, bravo!!!

Poster un nouveau commentaire

Le contenu de ce champ ne sera pas montré publiquement.
  • Aucune balise HTML autorisée

Plus d'informations sur les options de formatage

CAPTCHA
Cette question vous est posée pour vérifier si vous êtes un humain et non un robot et ainsi prévenir le spam automatique.