Retournement de retournement d'alliance : une dynamique pro-Issoufou au 2e tour
Jeudi, moins de trois semaines après l’annonce de la création de l’Alliance pour la Réconciliation Nationale, une nouvelle alliance, cette fois dépourvue de nom (ouf !), a été proclamée au siège de Lumana, le parti de l’ancien Premier ministre Hama Amadou, arrivé 3e au premier tour des élections présidentielles le 31 janvier.
Cette fois, et sauf nouveau revirement d’ici le 2e tour, prévu le 12 mars prochain, on ne voit pas comment le leader historique de l’opposition socialiste, Mahamadou Issoufou, pourrait ne pas devenir le prochain Président de la République du Niger.
En effet, l’addition des scores cumulés au premier tour par les cinq leaders réunis autour de la table dépasse les 66 %, comme l’a dit d’ailleurs le candidat du Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme, désormais premier parti du Niger avec 36% des voix. L’allié principal du PNDS est le jeune parti Lumana de Hama Amadou, scission du parti-Etat MNSD (Mouvement National pour la Société de Développement), avec 20% des voix, suivi, loin derrière, par les 4% de Moussa Djermakoye (Alliance Nigérienne pour la Démocratie et le Progrès) et les 4% de Cheiffou Amadou (Rassemblement Social Démocrate, RSD). Notons que le parti de Cheiffou Amadou était jusqu’à ces derniers jours membre de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la République (AFDR), qui, dans la continuité du régime du président Mamadou Tandja, renversé par le coup d’Etat du 18 février dernier, rassemblait autour les anciens alliés de gouvernement de ce dernier. La situation de Amadou Boubacar Cissé dit ABC, qui a réuni 1,61 % des voix, est plus confuse puisque ce dernier se trouvait autour de la table tout en disant devant encore réunir son bureau politique avant de signer le nouveau pacte.
L’inconstance de certains leaders politiques est assez stupéfiante vue de l’extérieur. Observant la signature en grande pompe du 3e pacte en quelques mois, toujours avec le même enthousiasme des militants, le journaliste a un peu le tournis et se demande ce que pèsent réellement tous ces paraphes, sous des intitulés aussi vagues que voisins. Mais au-delà des stratégies de conquête du pouvoir, ces retournements s’expliquent par une capacité culturelle de consensus qui permet d’enterrer rapidement les conflits.
Hama Amadou n’a quitté l’alliance solide de la CFDR (Coordination des Forces pour la Démocratie et la République), qui avait combattu le projet anti-démocratique du Président Tandja, que mû, semble-t-il, par l’espoir d’arriver au 2e tour. Il s’agissait aussi de tenter de récupérer les voix de son frère ennemi le MNSD invalidé dans certaines circonscriptions prometteuses aux législatives. Mais le MNSD a fait voter pour d’autres forces. Et Hama Amadou n’est pas arrivé au 2e tour.
Les petits partis, dont certains pèseront peu de choses dans la prochaine Assemblée, tentent de négocier in extremis une position pour leur leader. D’autres ralliements pourraient encore venir. Il reste un mois avant le 2e tour.
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