A la petite porte du Palais
Je suis journaliste et je vis au Niger depuis sept ans. J’habite à l’arrière du Palais présidentiel, côté « petite porte ». Lorsque je me suis installée dans cette maison, mes amis nigériens ont fait beaucoup de plaisanteries sur les risques en cas de coup d’Etat. Les coups d’Etat, ça fait partie de leur vie. Les derniers, depuis la naissance de la démocratie, remontent à 1996 et 1999. Naturellement, je n’y croyais guère, bien qu’avec la crise née du refus du président Mamadou Tandja de quitter ses fonctions à la fin de son mandat, cette hypothèse prenait corps de plus en plus.
Le 18 février dernier, juste avant 13H00, notre maison vibre : un choc bref, un deuxième. Nous comprenons immédiatement qu’il s’agit du coup d’Etat qu’on espère et qu’on craint en même temps. Tirs d’obus et rafales de mitraillettes se succèdent intensément, puis plus sporadiquement. La rue s’est vidée. Des hélicoptères, dans la soirée, survolent notre quartier. Un peu plus tard, la radio nationale diffuse de la musique militaire. Vers 22H00, un groupe de militaires en treillis fait son apparition à la télévision nationale. Ils prononcent les mots habituels : « Nous avons pris nos responsabilités. »
Dès le lendemain, le Niger respire. Ce coup d’Etat en douceur – aucun civil n’a été ni brutalisé ni inquiété - ressuscite l’espoir. Les militaires annoncent qu’ils vont restaurer la démocratie, assainir la situation socio-économique et réconcilier les Nigériens.
Depuis lors, je suis avec passion le processus de restauration de la démocratie. Le chef d’escadron Salou Djibo, devenu général, a tenu parole. Les élections sont sur le point de se tenir. Le 30 décembre, la campagne a commencé. En trois mois, les Nigériens éliront leurs maires, leurs conseillers régionaux, leurs députés. Et leur président de la République.
Ce blog sera un journal de campagne, où l’on pourra observer des élections qui s’annoncent transparentes et justes. Il racontera l’aspiration des Nigériens à la démocratie. La passion politique. Mais aussi le pessimisme des abstentionnistes, qui n’y croient plus guère. Au Niger comme partout ailleurs, la démocratie est une idée, un idéal difficile à atteindre. Les hommes ne sont pas toujours à la hauteur. Et le désenchantement survient parfois.
Les Nigériens se retrouveront, j’espère, sur mon blog, qui leur sera largement ouvert, comme ils m’ont largement ouvert, sans hésiter, les fenêtres de leurs débats politiques. Les internautes d’Afrique ou d’ailleurs, tout en découvrant le Niger, retrouveront le reflet de leurs propres questionnements. Qui n’a rêvé, qui ne rêve, d’un monde plus juste, plus équitable, plus fraternel ?
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